mardi 10 août 2010

Hans Denck - La Theologica Germanica


Né en 1495 en Haute Bavière, Johannes (ou Hans) Denck était un homme tranquille qui désirait éviter la controverse. Il est décrit par ses contemporains comme un homme amical, simple et honnête. Loin d’être un rebelle, il fut néanmoins poursuivi tout au long de sa vie pour l’expression de sa foi à une époque où le schisme protestant venait de se produire en réponse à la décadence de l'Eglise Catholique.


Il était versé en latin, grec et hébreu et occupait des fonctions professorales à Nuremberg, alors sous l'influence de Luther. Il se maria et eut un enfant. Il s’installait dans une vie tranquille et respectable mais son âme contemplative avait faim de Dieu. Il voulait vivre une sainteté intérieure et l’union au Divin dans sa propre vie. Il rencontra alors La Theologica Germanica, un traité mystique qui l’influença énormément.

Il commença à connaître des expériences intérieures. Au lieu de chercher « à penser par lui-même », il chercha à « penser comme le Christ » et à le suivre. Sa devise devint : « Personne ne connaît vraiment le Christ qui ne le suit pas dans sa vie quotidienne ». Il fut expulsé de la ville pour ses positions jugées hérétiques, ses biens furent confisqués et il fut séparé de sa femme et de son enfant.

Par la suite, il se rendit dans d'autres villes protestantes dont il fut également expulsé, et après une longue errance trouva refuge à Bâle en Suisse. Il se joignit à un groupe qui partageait ses vues : les anabaptistes. Il publia plusieurs ouvrages qui étaient en profond désaccord avec les positions tant de Luther que de la papauté.

Il considérait les cérémonies et les sacrements comme secondaires par rapport à la seule chose important qui était l’imitation de Jésus Christ. Son intuition fondamentale « Il ne suffit pas que Dieu soit en vous, vous devez également être en Dieu » ouvrit la porte par la suite au mouvement Quaker.

Bien qu’il ait regardé la Bible avec estime, il ne l’assimilait pas à la parole de Dieu. Il estimait que beaucoup faisaient de la Bible une idole. Pour lui, tout vrai chercheur de Dieu peut recevoir un éclairage intérieur direct sans passer par les Ecritures.

« J'apprécie les Écritures, mais pas autant que la Parole de Dieu qui est vivante, forte, éternelle, et libre. La Parole de Dieu est libre des éléments du monde. C'est Dieu lui-même. Il est Esprit, et non la lettre, écrit sans plume ni papier, de manière qu'il ne peut jamais être effacé. »

Il estimait que "en matière de foi tous doivent procéder librement, volontairement, et non par la contrainte." En outre, étant donné que l'accessibilité à la «parole intérieure» est universel et individuel, personne ne détient le monopole de la vérité.

Parce qu'il estimait qu'il était préférable de laisser les autres dans l'erreur que de les obliger contre leur conscience, il était devenu un défenseur de la tolérance en matière de vérité religieuse, de droit moral et de justice sociale. Dans ses heures les plus sombres Denck a maintenu sa croyance dans la liberté de pensée, et a encouragé les autres à faire de même.


Qui me donnera une voix



La Theologica Germanica est un traité mystique écrit en langue allemande (et non en latin comme c'était l'usage à l'époque) qui semble avoir été écrit au milieu du 14ème siècle par un auteur anonyme. Le style et l’approche psychologique font de Maître Eckhart un auteur possible.

La Theologica Germanica expose les moyens de suivre un chemin de perfection menant à l’union de l’être humain au Divin, tel que l’a suivi le Christ. Ce chemin passe par le renoncement au péché et à l’égoïsme, pour en arriver à ce que, ultimement, la volonté Divine remplace la volonté humaine.

L’ouvrage fut largement diffusé dans les milieux mystiques des siècles qui suivirent.
Il fut re-publié en 1528 avec des commentaires de Hans Denck.



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire