vendredi 20 août 2010

Maitre Eckhart




Maître Eckhart était un dominicain qui naquit vraisemblablement vers 1260 et mourût probablement vers 1328. Il occupa diverses hautes fonctions dans l'ordre des dominicains, et enseigna à Paris, Strasbourg et Cologne.
Il existe peu d’indications sur sa naissance et sa mort, par contre il fut un prédicateur célèbre. Il est l’auteur de nombreux sermons et traités ainsi que des commentaires de la bible, écrits en latin et en allemand. A la suite de l’attaque virulente de deux frères de son ordre, son enseignement fut condamné le 27 mars 1329 par la Bulle In agro dominico.

Il est sans doute le penseur chrétien le plus proche d'une mystique qui transcende les religions. Dans son oeuvre on remarque l'influence du platonisme et de la philosophie scolastique, mais aussi celle d'une tradition spirituelle féminine, allant de Hildegarde de Bingen (1098-1179) à Marguerite Porete (brûlée à Paris, en l'an 1310).

L'enseignement spirituel de Maître Eckhart est formulé à partir d'une invitation à l'union à Dieu, et à la réception de Dieu dans le coeur du disciple. L'enfantement de Dieu dans l'âme, climax de la vie chrétienne, est le fruit de la «divinisation» reçue de et par l'union à Dieu.

Cette union nécessite un appauvrissement volontaire. Cependant, parce que ce qui est spirituel est supérieur à ce qui est matériel, cet appauvrissement est avant tout spirituel. Retrouver Dieu suppose de se vider de soi, de se dénuder des images, pour que Dieu entre en soi.
Mais le détachement eckhartien est aussi un renoncement à tout ce qui rend l'être créé indisponible à l'action de la Grâce ; le dernier degré de ce détachement consistant même à s'affranchir de l'effort pour se rapprocher de Dieu.

Ainsi disposé, l'esprit libre, le coeur humble, toute attente ou aspiration personnelle éteinte, l'intériorité insensible à toute tentation, Dieu ne peut faire autrement que de se révéler, comblant cette vacuité par la félicité ; «l'être humain devenant par Grâce ce que Dieu est en nature.» (Maxime le Confesseur). C'est ce que l'on appelle la divinisation, ou en grec la théosis, thème remontant, outre Maxime le Confesseur, à Augustin, et se prolongeant en de très grands spirituels tels que Nicolas de Cues qui a conservé en sa bibliothèque l'oeuvre latine de Maitre Eckhart.


L’expérience mystique est vue comme le retour à la Divinité manifestée dans le Christ vivant dans le coeur du croyant. La vocation prédestinée de l’être humain est d’être uni à Dieu. Si le Père engendre le Fils dans l’éternité, Dieu engendre le Fils dans le fond sans fond, l'abditus mentis d'Augustin, ou Grund en moyen-haut allemand, de l’âme. Toute cette théologie est très classique. et porte le nom d'inhabitation trinitaire.
Ce n'est pas cette thèse qui a suscité la haine de deux confrères dominicains contre Eckhart, mais le refus de la Réforme de l'Ordre voulu par le frère dominicain Eckhart. Il n’en demeure pas moins que Maitre Eckhart a été pendant longtemps regardé avec suspicion comme non hétérodoxe.

Son enseignement est le fruit d’une expérience intérieure, qui, parce qu’elle atteint les plus sommets, rejoint les grands mystiques des autres religions.


S'anéantir soi-même

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